Le coût prohibitif des prothèses auditives est la première raison, mais pas la seule, du sous-équipement des Français. L’Autorité de la concurrence vient de formuler des propositions pour faire baisser le prix à l’achat.
Ce n’est pas un secret, pour s’offrir des audioprothèses, mieux vaut avoir les moyens. Comme l’a montré une étude de l’UFC-Que Choisir en 2015, s’équiper d’audioprothèses coûte cher : 360 000 francs en moyenne pour les deux oreilles, avec un reste à charge considérable de 240 000 F pour l’utilisateur, l’assurance maladie et les complémentaires santé couvrant mal la dépense. Conséquence, les personnes qui devraient s’équiper traînent avant de le faire, ou ne le font carrément pas : sur les trois millions (en France)dont l’audition pourrait être améliorée par un appareillage, seulement deux millions ont franchi le pas.
L’Autorité de la concurrence a formulé des propositions pour lever les freins à l’équipement. Dans son avis, elle recommande d’abord de dissocier la phase d’acquisition de la prothèse des prestations de suivi de l’audioprothésiste. Actuellement, en effet, la somme acquittée comprend non seulement l’appareil et les ajustements dans les semaines qui suivent l’achat, mais aussi les réglages qui peuvent intervenir tout au long de la vie de l’appareil. Ce couplage rend l’appareillage d’emblée très coûteux, sans compter que l’utilisateur se retrouve captif : s’il n’est pas satisfait du travail de son audioprothésiste, il ne peut pas en changer. Ce qui explique peut-être pourquoi tant d’audioprothèses finissent au fond d’un tiroir au bout de quelques mois seulement, malgré la dépense engagée. La dissociation de l’offre aurait l’avantage de faire baisser le coût d’achat, et d’animer la concurrence dans un secteur peu enclin au changement.
Autre piste suggérée par l’Autorité de la concurrence et partagée par l’UFC-Que Choisir : favoriser l’augmentation du nombre d’audioprothésistes en exercice. Elle verrait d’un œil bienveillant la suppression du numerus clausus, qui aurait l’avantage d’augmenter le nombre de professionnels disponibles et de favoriser ainsi l’ouverture de magasins spécialisés, notamment ceux qui, actuellement, tentent de faire baisser les prix. Les restrictions actuelles limitent trop la concurrence et le choix des utilisateurs : à part dans les grandes villes, il est rare d’avoir la possibilité de faire jouer la concurrence.
La balle est désormais dans le camp du ministère de la Santé, qui a la main sur les deux variables : aussi bien la tarification des prestations de santé que le numerus clausus dans la formation des futurs audioprothésistes.
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