Nicolas Hulot se dit déterminé à interdire une dizaine d’objets du quotidien en plastique à usage unique. Ces produits, que l’on retrouve le plus fréquemment disséminés sur les plages, ont des alternatives durables ou biodégradables.
Les océans accumulent de plus en plus de plastiques, ce qui représente une réelle menace pour la biodiversité. De fait, «10 % de la production mondiale de plastique finit dans l’Océan», estime 7e Continent, une ONG qui milite pour la réduction de la pollution plastique. Contre ce fléau, le gouvernement s’est fixé «un objectif de zéro plastique rejeté dans les océans d’ici 2025». Pour l’atteindre, Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé début juillet l’interdiction d’une dizaine d’objets du quotidien conçus en plastique et à usage unique. Il a ainsi mentionné «les pailles, les touillettes, les couverts en plastique, les coton-tiges… Il faut éliminer tous ces produits car ils ont des alternatives biodégradables», a ainsi lancé le ministre de la Transition écologique.
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À la question de savoir si des alternatives existent, Nicolas Hulot avait déclaré sans équivoque: «Évidemment qu’il y a des substituts! Avec des algues on peut fabriquer des contenants qui ont les mêmes vertus et les mêmes caractéristiques qu’avec le plastique», a indiqué le ministre de la Transition écologique. Voici ces produits de substitution.
● Matériaux recyclables
Les pailles sont sous les feux des plus vives critiques. Les images d’animaux marins, comme la vidéo d’une tortue retrouvée avec une paille plantée dans le nez et dégagé par des vétérinaires, ont fait le tour du monde. Plusieurs grandes enseignes, comme McDonald’s ou Starbucks, ont ainsi décidé de se passer de ces petits tubes de plastique superflus. Le géant du fast-food a opté pour des pailles en papier biodégradable dans ses restaurants basés à Bruxelles, en Grande-Bretagne et en Irlande d’ici 2019.
Parallèlement, plusieurs distributeurs comme Franprix ou Carrefour et Lidl en Belgique ont annoncé leur décision d’arrêter de commercialiser différents produits en plastique à usage unique comme des pailles, fourchettes, couteaux, assiettes et cotons-tiges (avec une tige en plastique) dès 2019. Les enseignes réfléchissent encore aux alternatives qu’elles proposeront en magasin. Outre des pailles en papier, ils pourraient vendre des produits recyclables comme des couverts, touillettes ou cotons-tiges en bois bambou ou carton. Les acteurs attendent également que les industriels proposent des innovations dans ce domaine.
● Algues
Par exemple, l’entreprise bretonne Algopack a mis au point une technique pour remplacer le plastique par une matière à base d’algues 100% naturelle qui présente de nombreux avantages. D’abord, cette ressource naturelle existe en quantité quasi infinie. Ensuite, le processus de transformation est peu énergivore et ne rejette aucun déchet. Et, arrivés en fin de vie, les produits finis se décomposent très rapidement: douze semaines sur terre et quatre heures en mer… contre quatre à dix siècles pour les matières plastiques. La société commercialise ainsi des granules de bioplastique issu des algues. Ce substitut écologique et naturel au plastique est utilisé par les industriels pour fabriquer différents objets, comme des barquettes alimentaires, des gobelets et même des jouets de plage. Quant au prix de ce matériau, il est sensiblement le même que celui du plastique.
● Déchets agricoles
Par ailleurs, des ingénieurs sont parvenus à exploiter des déchets agricoles pour leur donner une seconde vie. C’est le cas de la société Green Whisper qui recycle les co-produits agricoles tels que les feuilles de bananier ou de canne à sucre en objets de la vie quotidienne comme des assiettes, des verres ou du tissu.
L’entrepreneur d’origine indienne Jayesh Vir est en effet parvenu à exploiter des déchets issus de la production de bananes, connue pour générer beaucoup de déchets. Ainsi, l’ingénieur a mis au point un système pour transformer la fibre du fruit en tissus. «Les atouts de cette fibre sont nombreux, elle est recyclable jusqu’à 10 fois, contre seulement 4 fois pour le papier», indique Jayesh Vir.
Puis l’entrepreneur s’est intéressé à la canne à sucre et aux feuilles de palmier. Là encore, il a trouvé un procédé pour transformer ces déchets agricoles en gobelets, assiettes, couverts. «Les avantages de ces matériaux sont nombreux. La matière première est en abondante, en plus la canne à sucre est une matière naturellement étanche. Ainsi, nous n’avons pas besoin d’ajouter de la résine comme dans les gobelets en carton qui ne sont pas recyclables. De plus, les couverts, assiettes ou gobelets sont solides et peuvent passer au micro-ondes ou même au four! Par ailleurs, les produits sont intégralement compostables», précise Jayesh Vir. Son entreprise a signé plusieurs contrats avec des groupes hôteliers, des restaurateurs, des compagnies aériennes et ferroviaires en France et en Europe. L’entrepreneur envisage ensuite de s’adresser à la grande distribution pour vendre ses produits au grand public.
Autre innovation, en France cette fois, des lycéens ont développé Popstraw, des pailles conçues à partir d’amidon de maïs biodégradable. Elles se transforment ensuite en compost au bout de 6 mois.
● Solutions durables
Des entreprises ont choisi des produits durables pour ne plus avoir à jeter, comme des pailles en inox. De son côté, la chaîne de cafés Starbucks s’est engagée à faire disparaître l’objet du délit de tous ses magasins d’ici 2020. Ce sont près d’un million de pailles par an qui pourront être économisées, avance le groupe, qui a opté pour un modèle de gobelets dotés de couvercles en polypropylène avec une petite ouverture et un bec permettant de boire la boisson.
Les incitations à ne plus recourir au plastique à usage unique sont de plus en plus nombreuses. Récemment, 25 investisseurs gérant plus de 1000 milliards de dollars d’actifs ont exigé que des entreprises telles que Nestlé, Procter &Gamble, Unilever ou encore PepsiCo réduisent leur utilisation d’emballages en plastique à usage unique. Les citoyens se mobilisent également pour inciter les groupes à revoir leurs politiques. Ainsi, des «plastic attacks» ont été organisées pour protester contre l’utilisation disproportionnée de plastique. Plusieurs grandes chaînes de distribution ont décidé de privilégier les emballages recyclables et d’abandonner les articles en plastique jetables.
cf: lefigaro.fr