Voilà ce qu’a fait le Chlordecone aux Antilles. Ici faisons attention!!!!!!
Il s’agit d’un pesticide utilisé pendant plus de 20 ans dans les bananeraies aux Antilles. Le chlordécone, interdit depuis 1993, a durablement pollué les sols et l’eau. Des chercheurs de l’Inserm, en lien avec des chercheurs québécois, belges et américains, ont démontré que l’exposition au chlordécone avait un impact sur le développement cognitif, visuel et moteur des très jeunes enfants.
Antilles : l’impact du chlordécone sur le développement des nourrissons
En 1979, l’OMS avait classé ce produit comme cancérogène possible, ce que confirmait l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en juin 2010, dans le Journal of Clinical Oncology, pour le cancer de la prostate. Aujourd’hui le produit est également considéré comme un perturbateur endocrinien.
L’objectif général de cette étude, dirigée par Sylvaine Cordier à Rennes et Luc Multigner à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), est d’évaluer l’impact sanitaire des expositions au chlordécone sur le déroulement de la grossesse et le développement pré et postnatal. 1 042 femmes ont ainsi été suivies avec leurs enfants depuis leur grossesse datant de la période 2005-2007, dans le cadre d’une cohorte baptisée « Timoun » (enfant en créole). Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à l’impact de l’exposition prénatale et postnatale au chlordécone sur le développement cognitif, visuel et moteur du nourrisson à l’âge de 7 mois. 153 nourrissons, garçons et filles, ont fait l’objet d’un suivi à l’âge de 7 mois.
L’exposition prénatale au chlordécone a été estimée par son dosage sanguin dans le sang du cordon. L’exposition postnatale a, quant à elle, été estimée par son dosage dans le lait maternel ainsi que par la fréquence de consommation par les nourrissons de denrées alimentaires susceptibles d’être contaminées par le chlordécone. Puis, la mémoire visuelle, l’acuité visuelle et le développement moteur des nourrissons ont été testés.
L’exposition prénatale au chlordécone a été retrouvée associée de manière significative avec une réduction du score de préférence visuelle pour la nouveauté ainsi qu’à un faible score sur l’échelle de développement de la motricité fine.
L’exposition postnatale au chlordécone, estimée par la consommation de denrées alimentaires contaminées, a été retrouvée associée à la limite de la signification statistique à une réduction de la vitesse d’acquisition de la mémoire visuelle et à une réduction de la préférence visuelle pour la nouveauté. Par contre, l’exposition postnatale au chlordécone par l’allaitement n’apparaît associée à aucune modification du développement psychomoteur.
Ces observations basées sur des petits effectifs ne traduisent pas de troubles graves, mais peuvent être rapprochées à certaines particularités décrites dans le passé chez des adultes exposés professionnellement au chlordécone : appauvrissement de la mémoire à court terme et présence de tremblements d’intention.
Les chercheurs s’interrogent sur la possibilité que ces associations, constatées chez les nourrissons à l’âge de 7 mois, puissent être prédictives de troubles permanents à un âge plus avancé. Pour Sylvaine Cordier et Luc Multigner, « seul le suivi des enfants au cours des années à venir permettra de répondre à ces interrogations ». Les enfants de la cohorte « Timoun » font l’objet actuellement d’un suivi à l’âge de 7 ans.
Source : « Cognitive, visual, and motor development of 7-month-old Guadeloupean infants exposed to chlordecone », Environmental Research, Volume 118, October 2012, Pages 79–85, http://dx.doi.org/10.1016/j.envres.2012.07.006