1 Analyse de la situation
La crise du COVID a considérablement ralenti toute l’économie mondiale et provoqué des pénuries dans tous les domaines du fait du ralentissement ou de l’arrêt des principaux centres de production.
La guerre entre la Russie et l’Ukraine a aggravé cette situation du fait de l’arrêt des exportations russes et ukrainiennes de céréales, de gaz, de pétrole et d’autres produits dérivés.
Enfin la zone Pacifique a été victime de pluies intenses qui ont diminué les productions agricoles de nos principaux voisins.
La Nouvelle Calédonie est un micromarché de 271000 personnes, à l’échelle de la planète, et largement dépendante des importations de toutes natures.
Lorsque l’offre est insuffisante pour satisfaire la demande, les prix augmentent et, en l’espèce, la Nouvelle Calédonie subit ou subira avec un retard lié aux dates auxquelles les commandes d’importation ont été faites, une très forte augmentation de tous les produits importés et notamment les produits de première nécessité.
Votre association suit régulièrement un « panier calédonien », très représentatif d’un caddie moyen d’un calédonien dans un supermarché, et nous avons déjà noté une augmentation de plus de 7% sur un an de ce panier calédonien. Nous pensons que l’inflation dépassera les 10% et qu’il faut s’attendre encore à des hausses sensibles des prix dans tous les domaines.
Mais la faiblesse du marché calédonien et les contraintes que nous imposons à l’import conduisent à un très fort risque de pénurie et pèse sur la sécurité de nos approvisionnements.
Enfin la situation des comptes publics de la Nouvelle Calédonie, à la sortie de la crise du COVID, conduit les politiques à réfléchir à un renforcement de la pression fiscale, notamment sur les ménages.
La Nouvelle Calédonie fait face à un triple enjeu : sécuriser ses approvisionnements, contenir la hausse des prix au moins sur les produits de première nécessité et préserver le pouvoir d’achat des calédoniens sans aggraver sensiblement la pression fiscale.
2 Les propositions de UFC
Notre association est très fortement sollicitée par les média et les politiques afin de proposer des mesures qui pourraient permettre de répondre aux enjeux du territoire. Nos propositions sont les suivantes :
A- Supprimer les quotas d’importation et les stops sur tous les produits alimentaires et plus particulièrement les fruits et légumes. Selon le rapport de l’Agence Rurale, la Nouvelle Calédonie produit moins de 50% des besoins commerciaux en fruits et légumes et les quotas d’importation sont utilisés à moins de 50%. Ces chiffres montrent que d’une part il n’est pas réaliste de penser que le territoire puisse atteindre l’autosuffisance alimentaire et que les protections de marché sur les fruits et légumes sont plutôt contreproductives dans la mesure où elles interdisent aux importateurs de
signer des contrats sur la durée avec leur fournisseur étrangers. En situation de pénurie mondiale, les producteurs privilégient naturellement leurs gros clients et leurs clients réguliers. La politique protectionniste de la Nouvelle Calédonie aggrave le risque de pénuries sur nos approvisionnements et est source de prix chers par absence de concurrence. UFC pense qu’il est urgent de mettre fin à ces pratiques.
B- Substituer à la politique de protection de marché des aides publiques directes aux producteurs axées sur des projets d’amélioration de la compétitivité et de la qualité. La suppression des protections de marché sans mesures d’accompagnement, pourrait avoir des conséquences sur l’économie locale. C’est pourquoi UFC pense qu’il faudrait aider le tissu économique local à se moderniser, à innover, à évoluer afin de pouvoir mieux résister à la concurrence externe. Une telle démarche aurait en outre l’avantage de dynamiser notre économie et serait très probablement créatrice d’emplois dans les secteurs porteurs de notre économie.
C- Favoriser les circuits courts en supprimant notamment les obligations de passer par des grossistes pour les achats importants. L’implication des intermédiaires dans la logistiques des approvisionnements locaux renchérit les prix sans que le consommateur puisse bénéficier d’un effet de masse apporté par ces intermédiaires. Il est urgent de libérer les marchés afin de faire pleinement jouer la concurrence et de faire bénéficier le consommateur de prix d’achats de masse.
D- Améliorer l’information du consommateur sur les produits en imposant d’indiquer la provenance exacte, la qualité et la nature du produit (notamment pour les produits agricoles), le respect des normes pour les biens d’équipement, les garanties applicables dans le respect de la législation calédonienne,… Mieux connaître les produits qu’on achète facilite le choix et permet de mieux rémunérer les producteurs sur les produits de qualité. C’est également introduire une plus grande transparence dans le commerce en Nouvelle Calédonie.
E- Autoriser la publicité comparative à l’instar des pratiques en métropole. Cette pratique a montré, en métropole, qu’elle avait un impact sur la concurrence et sur les prix.
F- Inciter très fortement les grandes enseignes à mettre leurs produits et leurs prix sur internet afin de permettre au consommateur de disposer d’un outil comparatif et de faciliter ses achats. C’est déjà une pratique courante en métropole et dans la plupart de pays industrialisés qui fait gagner du temps et de l’argent aux consommateurs mais aussi aux artisans. La Nouvelle Calédonie est très en retard dans ce domaine.
G- Enfin notre économie doit disposer des moyens de contrôles nécessaires pour s’assurer du respect de la loi par tous les acteurs. À cet effet il conviendrait de renforcer les moyens de contrôle de la DAE et de lui affecter les recettes de verbalisation des contrevenants.
Concernant la politique fiscale, UFC considère qu’il est essentiel de préserver le pouvoir d’achat des Calédoniens afin de permettre une relance de l’économie par la consommation. Avant d’aggraver la pression fiscale générale, il conviendrait d’analyser toutes les niches et dérogations accordées afin d’en évaluer la pertinence.
3 Les préconisations
Face à l’augmentation inéluctable des prix, il est important de suivre quelques conseils simples :
– Choisir des équipements à basse consommation d’énergie lors des achats (lampes LED et équipements A+ à A+++) et veiller à éteindre lumière et équipements électriques lorsqu’ils ne sont plus utiles, afin de diminuer sa facture d’électricité.
– Penser à économiser l’eau : c’est une ressource souvent gaspillée en Nouvelle Calédonie.
– Faire plusieurs devis pour vos travaux ou pour les services dont vous avez besoin et étudier attentivement les propositions : il peut y avoir des écarts très importants entre les propositions.
– Regardez les prix avant d’acheter et bannir les produits affichés à des prix excessifs : ne pas acheter les produits trop chers est un bon moyen de faire comprendre au commerçant que son prix est exagéré.
– Éviter les déplacements inutiles et pratiquer le covoiturage lorsque c’est possible. Utiliser les transports en commun. Pratiquer une conduite en douceur pour éviter les surconsommations de carburant et ménager votre véhicule, pratiquer la marche à pied ou le vélo, …
cf : UFC Que Choisir Nouvelle Calédonie