Coronavirus
Pas d’anti-inflammatoires en cas d’infection
Publié le : 18/03/2020
par Que Choisir
Les anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène (AINS) ne sont pas indiqués en cas d’infection par le coronavirus. Plusieurs patients qui n’étaient pas à risque et se sont traités avec ces médicaments ont vu leur état s’aggraver, signalent les autorités sanitaires.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ne font pas bon ménage avec les infections, même virales. La Covid-19 qui circule en ce moment en France et partout dans le monde ne fait pas exception. La prise d’ibuprofène et autres médicaments de cette famille « pourrait être un facteur d’aggravation », a averti le ministre de la Santé Olivier Véran sur son compte Twitter. La Direction générale de la santé signale également des « événements indésirables graves liés à l’utilisation des AINS » chez des patients ne présentant pas de facteur de risque particulier.
En cas de symptômes, le traitement de choix reste le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, Dafalgan, etc.). Dans ce cas, la dose à ne pas dépasser est de 60 mg par kilo par jour ou 3 grammes par jour. Il ne faut en aucun cas prendre d’AINS (Advil, Nurofen, Spedifen, etc.). En revanche, les personnes suivant déjà un traitement anti-inflammatoire, corticoïde par exemple, ne doivent pas l’interrompre sans avis de leur médecin.
Un risque déjà connu
Ce lien entre AINS et complications infectieuses n’est pas nouveau. En avril 2019, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) l’a mis en évidence dans un rapport sur l’ibuprofène et le kétoprofène (Bi-Profénid), tous deux très utilisés. Ce risque peut concerner des situations banales, comme des angines ou des piqûres d’insectes. Depuis 2000, 337 cas de complications infectieuses ont été liés à la prise d’ibuprofène et 49 à la prise de kétoprofène, chiffre l’Agence.
Dans l’espoir de limiter les mauvais usages, l’accès aux anti-inflammatoires (ibuprofène, aspirine) dans les pharmacies a été limité le 15 janvier. Ils ne sont plus en libre-service mais restent disponibles sans ordonnance. Il faut désormais les demander au pharmacien, qui devrait remplir son rôle de conseil à cette occasion.
Afin de proposer une information à jour, le département de pharmacologie de l’université de Bordeaux, en lien avec les centres de pharmacovigilance, propose un site dédié au lien entre Covid-19 et médicaments. Il est possible d’y vérifier si un traitement suivi présente un risque d’aggravation des symptômes en cas d’infection. Il est disponible à l’adresse suivante : https://www.covid19-medicaments.com/
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens à éviter en cas d’infection (virale ou bactérienne)*
Dénomination commune internationale (DCI)
Nom de marque
Acide tiaprofénique
Surgam, Flanid
Acide méfénamique
Ponstyl
Acide niflumique
Nifluril
Alminoprofène
Minalfène
Diclofénac
Flector, Voltarène
Fénoprofène
Nalgesic
Flurbiprofène
Antadys, Cebutid, Strefen
Ibuprofène
Advil, Antarène, Nurofen, Spedifen, Upfen
Kétoprofène
Bi-Profenid, Profenid, Ketum, Toprec
Naproxène
Apranax, Naprosyne
* D’autres formes non listées ici existent (suppositoire, collyre, gel, etc.). Elles ne sont pas concernées par cette alerte de l’ANSM.
Les bons réflexes
En cas de symptômes suspects (fièvre, toux, difficultés respiratoires/essoufflement), il est recommandé de rester à domicile et d’éviter tout contact avec des personnes saines. Les mesures barrières s’imposent alors plus que jamais, y compris à domicile :
hygiène régulière des mains ;
tousser dans son coude ;
recours à des mouchoirs à usage unique ;
éviter les embrassades.
Si la téléconsultation est accessible, n’hésitez pas à la privilégier. Cela participera à limiter la transmission du virus. Pour la même raison, ne vous rendez pas chez votre médecin avant de l’avoir appelé et averti de vos symptômes. Si les symptômes s’aggravent (difficultés respiratoires accrues, signes d’étouffement), contactez le 15.
Audrey Vaugrente
Gels hydroalcooliques
Leur intérêt et leurs limites
Publié le : 06/03/2020 par Que Choisir
Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, la ruée sur les gels hydroalcooliques a provoqué des ruptures de stocks et une flambée des prix. Méritent-ils cet engouement ? Quand et comment les utiliser ?
SOMMAIRE
1. Le gel hydroalcoolique est-il plus efficace que le lavage des mains à l’eau et au savon ?
2. Le gel hydroalcoolique présente-t-il des inconvénients ?
3. Quand utiliser du gel hydroalcoolique ?
4. Comment utiliser un gel hydroalcoolique ?
5. Que penser des recettes maison ?
6. Comment se laver les mains ?
Le gel hydroalcoolique est-il plus efficace que le lavage des mains à l’eau et au savon ?
La réponse est non. « Il n’y a aucun intérêt à utiliser du gel si l’on dispose d’un accès à un point d’eau et à du savon, précise Olivier Schwartz, responsable de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur. Se laver les mains soigneusement est aussi efficace et moins cher. De plus, le gel ne lave pas. » De ce fait, des saletés diverses, même microscopiques, peuvent rester à la surface des mains après utilisation et si l’on est en contact par la suite avec des virus, ils y trouveront un terrain propice à leur survie.
« L’efficacité des gels sur Covid-19 en particulier n’a pas été testée mais il n’y a pas de raison d’en douter car elle a été confirmée sur d’autres coronavirus », poursuit Olivier Schwartz. Cela dit, les bonnes vieilles méthodes peuvent s’avérer tout aussi probantes sur l’élimination des virus et bactéries. Ainsi, du temps où sévissait la grippe A (H1N1), une étude avait montré que le lavage à l’eau et au savon était plus efficace que l’utilisation de trois gels hydroalcooliques (à base d’alcool seul ou d’alcool + chlorhexidine). Même chose avec la redoutable bactérie Clostridium difficile dont le lavage, même à l’eau froide, a pu venir plus facilement à bout que l’application de produit antibactérien.
Le gel hydroalcoolique présente-t-il des inconvénients ?
Dans la mesure où ils restent sur la peau, les gels hydroalcooliques sont potentiellement plus nocifs que le savon. S’ils ont pu, par le passé, contenir des ingrédients à risque comme le triclosan, un perturbateur endocrinien, ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’inconvénient essentiel est celui de la présence d’alcool qui peut devenir irritant, surtout si on multiplie les applications. Sont concernées en particulier les peaux réactives, comme celles des personnes souffrant d’eczéma. Par ailleurs, les versions parfumées peuvent contenir des allergènes, elles sont à éviter surtout en cas de terrain allergique.
À noter que ces produits ne peuvent pas, a priori, induire de résistances bactériennes.
Quand utiliser du gel hydroalcoolique ?
Quand on n’a pas accès à un point d’eau, on peut utiliser un gel affichant une concentration d’alcool d’au moins 60 %. On le fera dans toutes les circonstances où l’on a pu toucher une surface potentiellement contaminée et où les mains seront ensuite en contact avec les portes d’entrées que sont la bouche, le nez et même les yeux (éviter de se toucher le visage fait ainsi partie des mesures de prévention). « Le virus survit probablement plusieurs heures sur des surfaces inertes, surtout si elles sont lisses ; les tissus, par exemple, sont moins favorables à leur survie car ils sont poreux. Mais pour qu’il puisse infecter quelqu’un, il y a aussi une question de quantité, nuance Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence à l’Institut Pasteur. Concrètement, pour prendre un exemple actuel, les bulletins de vote, que l’électeur précédent aura seulement effleurés, ne constituent pas une menace. Pour le stylo d’émargement, avec lequel le contact est plus prolongé, la question se pose davantage. » Donc, se désinfecter les mains au square avant de donner à goûter aux enfants ou dans les transports après s’être accroché longuement à une barre d’appui, bien sûr. Mais inutile de le faire à tout bout de champ.
Si des précautions supplémentaires sont à prendre en période d’épidémie, une hygiène obsessionnelle peut nuire à notre microbiote cutané qui nous protège des bactéries pathogènes via divers mécanismes et ne doit pas être récuré en permanence.
Comment utiliser un gel hydroalcoolique ?
La question paraît absurde et pourtant… Avant leur mise sur le marché, l’efficacité des gels est établie dans des conditions bien précises de quantité et de durée. Ce sont elles qui sont indiquées sur les flacons dans les conseils d’utilisation. Il n’est pas rare que la quantité prescrite soit de 3 voire 4 ml, et la durée de frottage préconisée d’une minute. C’est beaucoup et c’est très long ! Il faut néanmoins respecter ces prescriptions, faute de quoi l’efficacité n’est pas assurée. « Clairement, en utiliser peu et rapidement ne sert à rien », met en garde Jean-Claude Manuguerra. Conclusion, ceux qui utilisent du gel hydroalcoolique pour gagner du temps alors qu’ils ont un lavabo à disposition ont tout faux.
Que penser des recettes maison ?
Celles données par des internautes, à base d’huiles essentielles notamment, n’ont pas fait la preuve de leur efficacité. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé a publié sur son site une recette validée, mais il est bien précisé qu’elle est destinée aux professionnels de la pharmacie. Par ailleurs, l’accès aux ingrédients n’est pas aisé, la manipulation peut être risquée et les conditions d’asepsie d’une cuisine ne sont pas les mêmes que celles d’un laboratoire. Dans la mesure où les circonstances dans lesquelles l’utilisation de gel hydroalcoolique est indispensable sont limitées et où les prix sont désormais encadrés, l’intérêt de la fabrication maison paraît plus que douteux.
Comment se laver les mains ?
La température de l’eau importe peu mais le temps de frottage avec le savon joue sur l’élimination des virus et autres micro-organismes :
20 secondes, c’est le minimum ;
30 secondes c’est plus sûr.
De toute façon, il faut bien ça pour nettoyer soigneusement tous les recoins (voir schéma) sans oublier l’intérieur des doigts, les ongles et les poignets. Pour atteindre les 30 secondes, il suffit de chanter « Joyeux anniversaire » deux fois ! Actionnez le robinet avec le coude, rincez soigneusement et séchez de même, avec un rouleau de tissu propre, une serviette à usage unique ou un séchoir électrique.
Comment bien se laver les mains (source : ministère de la Santé)
Nouveau coronavirus
À quoi servent vraiment les masques chirurgicaux ?
Publié le : 01/02/2020
pae Que Choisir
. Les masques chirurgicaux sont au cœur de toutes les attentions depuis l’annonce d’une épidémie causée par une nouvelle souche de coronavirus (nCOV) venue de Chine. Les acheteurs sont des personnes en bonne santé qui voyagent vers la Chine, ses pays voisins, ou simplement des inquiets restant en métropole. Mais ces masques sont-ils vraiment utiles ? La question mérite une réponse nuancée selon la situation.
Lorsqu’on ne présente pas de symptômes : inutile pour se protéger
Les différentes agences sanitaires présentent un front unanime. Le port d’un masque de protection est inutile, même chez les personnes à haut risque de complications. En effet, plusieurs essais cliniques ont été menés. Ils n’ont pas réussi à démontrer l’efficacité des masques chirurgicaux, portés par les professionnels de santé lors des soins ou des opérations. Les tests effectués avec les modèles plus sophistiqués (FFP), équipés d’un dispositif de filtration et couvrant le bas du visage, ont aussi échoué. De fait, les infections respiratoires ne se propagent pas uniquement par les gouttelettes de salive, mais aussi par les mains, ce qui rend ces masques insuffisants, face à un coronavirus comme face à une grippe saisonnière.
Exemple de masque chirurgical et de masque de protection respiratoire FFP.
masque chirurgical masque FFP2
Lorsque le lavage des mains est ajouté au masque, la prévention devient d’ailleurs efficace. Cela suggère qu’associer différentes mesures dites « barrière » est une meilleure méthode.
Lorsqu’on présente des symptômes : souvent utile pour protéger les autres
Le port du masque est recommandé par le ministère de la Santé aux personnes présentant des symptômes. Il est relativement efficace, comme l’a montré une étude originale. 37 personnes souffrant de la grippe ont toussé avec et sans masque chirurgical dans un appareil qui a mesuré la quantité de virus exhalé. Le port du masque a divisé par deux ou trois le nombre de copies repérées. Mais cela ne suffit pas. Les infections respiratoires, comme la grippe ou les coronavirus, se propagent de trois façons :
par les gouttelettes de salive émises lors de la toux ou des éternuements ;
par les aérosols viraux présents dans le souffle ;
par les mains.
Les masques chirurgicaux ne couvrent pas l’intégralité du visage et laissent donc passer les aérosols.
En dehors de l’hôpital, le port occasionnel du masque risque de ne pas suffire à limiter efficacement la transmission, avertissent les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Par précaution, il doit être porté aussi souvent que possible, surtout en cas de contact avec des personnes fragiles (femmes enceintes, enfants, personnes malades ou âgées).
À l’hôpital, ils doivent être systématiquement portés tant que le patient malade n’est pas isolé. Cette mesure de précaution s’applique aussi en cas de visite au cabinet médical ou dans un autre établissement de santé.
Dans tous les cas, plusieurs mesures barrières doivent être associées, rappelle la collaboration Cochrane, à l’origine d’une revue sur le sujet. Parmi elles :
se laver régulièrement les mains ;
tousser dans son coude ;
utiliser des mouchoirs à usage unique ;
nettoyer régulièrement les surfaces souillées ;
rester chez soi jusqu’à disparition des symptômes.
Comment bien mettre un masque chirurgical
D’abord, lavez-vous les mains avec de l’eau et du savon en frottant pendant 30 secondes.
Prenez le masque en positionnant le bord rigide vers le haut. Il se posera sur le nez. La face absorbante est blanche, elle s’appliquera sur la bouche. Si le masque dispose d’élastiques, passez-y vos mains.
Posez le masque sur votre visage en incluant votre menton. Si le masque dispose d’élastiques, passez-les derrière vos oreilles. S’il dispose de lacets, nouez-les derrière votre nuque.
Modelez la partie rigide pour l’adapter à la forme de votre nez. Une fois que cette tâche est finie, assurez-vous de l’étanchéité du masque au niveau du nez et du menton.
Le masque doit être jeté dès qu’il est humide.
Source : ministère des Solidarités et de la Santé.
Audrey Vaugrente
Coronavirus
Comment bien prendre sa température
Publié le : 14/03/2020
par Que Choisir
Dans le cadre de la surveillance de l’épidémie de Covid-19, la prise de température est un geste primordial. Mais attention d’user de la bonne méthode. Les thermomètres frontaux, pourtant très prisés, ne sont pas les plus recommandés.
SOMMAIRE
1. Les thermomètres électroniques : Un équipement incontournable
2. Les thermomètres auriculaires : Fiables, si bien utilisés
3. Les thermomètres frontaux : Populaires mais pas indispensables
4. Les thermomètres à cristaux liquides : Ne pas utiliser
Prendre correctement sa température est un geste primordial pour la santé en général et particulièrement dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, la maladie due au coronavirus, qui se présente comme une « affection respiratoire fébrile » (c’est-à-dire avec de la fièvre).
Les signes d’alerte
Fièvre (température supérieure à 38 °C)
Toux
Difficultés à respirer
La fièvre est donc un des signes d’alerte et toute personne ayant séjourné dans une zone où circule activement le virus doit « surveiller sa température deux fois par jour » dans les 14 jours qui suivent, indiquent les autorités de santé.
La fièvre est généralement définie comme une température supérieure à 38 °C. Mais prendre correctement sa température à la maison est un peu plus compliqué qu’il n’y paraît. En effet, les différentes méthodes ne se valent pas. Toutes les mesures de la température à domicile se font en périphérie du corps (sur la peau, dans la bouche, etc.). Or la « vraie » température est la température à l’intérieur du corps, précisément celle de l’artère pulmonaire. Une bonne mesure externe de la température sera donc celle qui correspond le plus à la température interne. C’est plus ou moins le cas, en fonction du type de thermomètre utilisé et de l’endroit où est prise la température. Les meilleures façons de faire sont de prendre la température par voie rectale ou buccale avec un thermomètre électronique ou dans l’oreille avec un thermomètre infrarouge.
Les thermomètres électroniques : Un équipement incontournable
Depuis la disparition des thermomètres à mercure, les thermomètres électroniques, appelés aussi thermomètres digitaux, se sont imposés comme des outils fiables et peu onéreux (moins de 10 €). Leur emploi est simple : une sonde à un bout, un bouton de l’autre, un écran au milieu. La mesure est relativement rapide (moins d’une minute en général, la fin étant indiquée par un signal sonore) et la lecture plus simple avec l’affichage digital qu’elle ne l’était sur un thermomètre gradué.
Bon à savoir. Il est possible que ces appareils « dérivent » dans le temps, c’est-à-dire perdent en exactitude au fil des années. Il est difficile de les recalibrer, aussi en cas de doute sur un modèle datant de plusieurs années, il n’est ni déraisonnable ni trop cher d’en racheter un neuf.
Sous l’aisselle (voie axillaire)
La température mesurée sous l’aisselle reflète mal la vraie température. En effet, l’aisselle n’est pas un endroit « fermé » mais influencé par la température extérieure qu’il s’agisse de la fraîcheur d’un courant d’air ou de la chaleur d’une couette. Pour minimiser les erreurs, il faut placer le bout de la sonde au centre de l’aisselle et bien replier le bras contre le torse. Mais même ainsi, ce n’est pas une méthode de premier choix.
Dans la bouche (voie buccale)
La prise de température dans la bouche est relativement proche de la vraie température. Cette localisation est pratique (pas besoin de se déshabiller) et facile d’accès. Mais elle nécessite de garder la bouche bien fermée. Et en réalité, ce n’est pas simplement dans la bouche mais précisément sous la langue qu’il faut placer et garder le bout du thermomètre.
Pour cette raison, la prise de température dans la bouche n’est pas recommandée chez les enfants de moins de 5 ans.
En pratique, la température sous la langue est influencée par les prises alimentaires, notamment les boissons, chaudes ou froides, qui peuvent provoquer d’importantes variations. Aussi mieux vaut éviter de prendre sa température dans la bouche dans la demi-heure suivant une ingestion. Respirer par la bouche a aussi une influence.
On considère qu’il y a de la fièvre si la température sublinguale est supérieure à 37,5 °C.
Dans l’anus (voie ano-rectale)
C’est l’endroit où la température est la plus proche de la vraie température (écart de +/- 0,5 °C). Ignorée des recommandations anglo-saxonnes, cette localisation demande une certaine délicatesse mais elle offre la meilleure garantie d’exactitude.
C’est la méthode recommandée chez les enfants de la naissance à l’âge de 5 ans. Un apprentissage est recommandé car la prise de température par voie anale peut provoquer des blessures. Il faut coucher l’enfant sur le dos et plier ses jambes. Recouvrir le bout de la sonde (partie argentée) d’un produit lubrifiant (type vaseline) facilite l’introduction dans le rectum, qui se fera doucement, sur deux centimètres environ.
C’est aussi la technique recommandée pour les enfants plus âgés et les adultes lorsque l’on a besoin d’une mesure la plus exacte possible de la température. Si ce n’est pas faisable, la prise dans la bouche ou l’usage d’un thermomètre auriculaire sont les meilleures alternatives.
Attention. Un thermomètre utilisé par voie anale doit évidemment être réservé à cet effet. Comme pour les autres usages, il sera lavé au savon, rincé et séché, à la fois avant et après utilisation. Dans ce cas précis, noter sur le thermomètre sa destination peut être judicieux. Avoir un thermomètre pour chaque membre de la famille est aussi une solution.
Les thermomètres auriculaires : Fiables, si bien utilisés
Les thermomètres d’oreilles utilisent un rayonnement infrarouge pour évaluer la température. Cela leur permet de faire des mesures rapides et sans contact. Ils sont dits « auriculaires » bien qu’en réalité c’est la température du tympan (la membrane au fond du conduit auditif) qui est recherchée. La précision est importante car on sait que la température du tympan reflète bien la température de l’intérieur du corps mais qu’il n’est pas toujours facile de le viser.
Chez les tout-petits, la conformation de l’oreille est telle qu’il est très difficile de l’atteindre. Aussi l’usage des thermomètres auriculaires est déconseillé chez les moins de 2 ans.
La présence d’obstacle dans le conduit auditif – bouchon de cérumen ou même une forte pilosité ! – rend la mesure inexacte.
Pour bien utiliser un thermomètre auriculaire, plusieurs précautions sont à prendre. Il faut tout d’abord recouvrir la sonde d’un embout jetable. Il est conseillé de tirer sur le pavillon de l’oreille (c’est la partie repliée en bordure extérieure) à la fois vers le haut et l’arrière de manière à dégager l’accès au tympan. Introduisez doucement l’embout jusqu’à ce qu’il remplisse le conduit de l’oreille. Lancez alors la mesure. Et évidemment, pour une personne couchée sur le côté, il ne faut pas prendre la température dans l’oreille qui était contre l’oreiller !
Les thermomètres frontaux : Populaires mais pas indispensables
Comme les modèles auriculaires, les thermomètres dits frontaux mesurent aussi la température grâce à un rayonnement infrarouge. Ils sont appréciés pour l’absence de contact, la rapidité et la facilité de lecture. Mais les thermomètres à infrarouge frontaux ne sont pas recommandés en premier lieu pour s’équiper chez soi. Le problème avec ces appareils n’est pas tant la qualité de leur mesure que l’endroit où ils la mesurent : la température sur le front ne reflète pas toujours bien la vraie température à l’intérieur du corps. Le front est en effet une zone soumise à diverses variations. Par exemple, la température externe joue beaucoup sur la température frontale. Chez certaines personnes très malades qui souffrent de vasoconstriction, la température monte à l’intérieur mais ne se transmet pas sur le front.
Des évaluations de ce genre de thermomètre, menées par exemple dans l’optique d’une détection de masse dans les aéroports, montre une précision insuffisante. Les thermomètres à infrarouge frontaux loupent de nombreux cas : ils ne détectent pas entre 1 et 20 % des personnes pourtant fiévreuses en réalité. Ils se trompent aussi dans l’autre sens, indiquant une fièvre chez 1 à 25 % des personnes qui en réalité n’en ont pas.
À noter. Prendre la température sur la tempe (où passe l’artère temporale) semble donner une meilleure indication. Mais cette mesure est souvent réalisée avec des appareils professionnels et il est donc difficile de la transposer à la maison.
Les thermomètres à cristaux liquides : Ne pas utiliser
« Simple d’emploi et incassable » sont deux termes souvent mis en avant pour décrire ce genre de thermomètre. Peu importe, le problème c’est que ces thermomètres ne sont pas fiables du tout. Ces bandelettes à cristaux liquides se posent sur le front et donnent la température sous forme d’une échelle de couleur. Le résultat est imprécis et inexact. Il ne faut pas les utiliser.
Merci au professeur Olivier Saint-Lary, médecin généraliste, vice-président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).
Perrine Vennetier