L’annonce d’une épidémie provoquée par un nouveau coronavirus venu de Chine a provoqué une ruée vers les masques chirurgicaux, en pharmacie et sur Internet. Influencés par des informations contradictoires, les acheteurs espèrent se protéger de l’infection. Ce n’est pourtant pas la mesure de prévention la plus efficace.
Les pharmacies des grandes villes disent avoir été dévalisées et les prix s’envolent sur les sites de e-commerce comme Amazon. Les masques chirurgicaux sont au cœur de toutes les attentions depuis l’annonce d’une épidémie causée par une nouvelle souche de coronavirus (nCOV) venue de Chine. Les acheteurs sont des personnes en bonne santé qui voyagent vers la Chine, ses pays voisins, ou simplement des inquiets restant en métropole. Mais ces masques sont-ils vraiment utiles ? La question mérite une réponse nuancée selon la situation.
LORSQU’ON NE PRÉSENTE PAS DE SYMPTÔMES : INUTILE POUR SE PROTÉGER
Les différentes agences sanitaires présentent un front unanime. Le port d’un masque de protection est inutile, même chez les personnes à haut risque de complications. En effet, plusieurs essais cliniques ont été menés. Ils n’ont pas réussi à démontrer l’efficacité des masques chirurgicaux, portés par les professionnels de santé lors des soins ou des opérations. Les tests effectués avec les modèles plus sophistiqués (FFP), équipés d’un dispositif de filtration et couvrant le bas du visage, ont aussi échoué. De fait, les infections respiratoires ne se propagent pas uniquement par les gouttelettes de salive, mais aussi par les mains, ce qui rend ces masques insuffisants, face à un coronavirus comme face à une grippe saisonnière.
Exemple de masque chirurgical et de masque de protection respiratoire FFP.
Lorsque le lavage des mains est ajouté au masque, la prévention devient d’ailleurs efficace. Cela suggère qu’associer différentes mesures dites « barrière » est une meilleure méthode.
LORSQU’ON PRÉSENTE DES SYMPTÔMES : SOUVENT UTILE POUR PROTÉGER LES AUTRES
Le port du masque est recommandé par le ministère de la Santé aux personnes présentant des symptômes. Il est relativement efficace, comme l’a montré une étude originale. 37 personnes souffrant de la grippe ont toussé avec et sans masque chirurgical dans un appareil qui a mesuré la quantité de virus exhalé. Le port du masque a divisé par deux ou trois le nombre de copies repérées. Mais cela ne suffit pas. Les infections respiratoires, comme la grippe ou les coronavirus, se propagent de trois façons :
par les gouttelettes de salive émises lors de la toux ou des éternuements ;
par les aérosols viraux présents dans le souffle ;
par les mains.
Les masques chirurgicaux ne couvrent pas l’intégralité du visage et laissent donc passer les aérosols.
En dehors de l’hôpital, le port occasionnel du masque risque de ne pas suffire à limiter efficacement la transmission, avertissent les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Par précaution, il doit être porté aussi souvent que possible, surtout en cas de contact avec des personnes fragiles (femmes enceintes, enfants, personnes malades ou âgées).
À l’hôpital, ils doivent être systématiquement portés tant que le patient malade n’est pas isolé. Cette mesure de précaution s’applique aussi en cas de visite au cabinet médical ou dans un autre établissement de santé.
Dans tous les cas, plusieurs mesures barrières doivent être associées, rappelle la collaboration Cochrane, à l’origine d’une revue sur le sujet. Parmi elles :
se laver régulièrement les mains ;
tousser dans son coude ;
utiliser des mouchoirs à usage unique ;
nettoyer régulièrement les surfaces souillées ;
rester chez soi jusqu’à disparition des symptômes.