Il en aura fallu du temps, mais c’est fait. Sur proposition de la Commission européenne, les États membres viennent de voter l’interdiction des trois pesticides les plus dangereux pour les abeilles.
Le 27 avril 2018 est un grand jour pour les abeilles, l’environnement et les consommateurs. Les trois insecticides néonicotinoïdes les plus utilisés font enfin l’objet d’une interdiction à l’échelle de l’Union européenne. « Ne pas voter l’interdiction pure et simple relèverait du déni de réalité », soulignait Que Choisir début mars suite au quatrième rapport très alarmant de l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, sur ces insecticides neurotoxiques.
Après de longues années de tergiversations et en dépit des preuves indiscutables de leur toxicité, les États membres ont fini par trancher. L’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxame sont interdits sur toutes les cultures de plein champ et autres utilisations en extérieur.
Si l’interdiction l’a emporté, c’est notamment grâce aux votes de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, 13 pays s’étant abstenus ou ayant voté contre. La Commission européenne s’est félicitée de cette décision en soulignant que « la protection des abeilles est un enjeu important puisqu’elle concerne la biodiversité, la production alimentaire et l’environnement ».
Un moratoire interdisait déjà ces insecticides-là depuis 2013, mais il s’appliquait seulement aux cultures réputées attractives pour les pollinisateurs. C’était tout à fait insuffisant, les ventes de néonicotinoïdes avaient d’ailleurs continué à augmenter pendant le moratoire ! Cette fois c’est bien fini, seul l’usage sous serre reste possible.
Mais les fabricants de pesticides ont de la ressource, de nouveaux insecticides de cette redoutable famille des néonicotinoïdes sont déjà sur le marché. On n’en a peut-être pas fini avec les pesticides tueurs d’abeilles. On peut juste attendre des États membres qu’ils traînent un peu moins longtemps la prochaine fois avant de voter l’interdiction !
cf:quechoisir.org
Après la mort de 2 millions de ses abeilles, un apiculteur alerte et mobilise
Dans l’Ariège, un apiculteur bio a perdu près de 24 ruches, décimées par un fongicide pourtant autorisé. Le producteur a créé une cagnotte pour remplacer ses abeilles mais surtout sensibiliser citoyens et pouvoirs publics à la nécessité d’agir contre les produits dangereux.
Les apiculteurs ne veulent pas assister à la mort de leurs ouvrières sans rien dire. Après le cri de colère de Sven Niel, un apiculteur breton, face au «massacre» de ses abeilles par les pesticides, dans une vidéo vue près de 3 millions de fois, c’est au tour de Nicolas Puech de clamer son indignation.
L’apiculteur ariégeois a récemment perdu 24 ruches soit un tiers de ses ouvrières et environ 2 millions d’abeilles, tuées par l’utilisation d’un fongicide, selon les conclusions d’un expert vétérinaire consultées par l’apiculteur. Les dommages ont été estimés à près de 27.000 euros.
L’apiculteur veut «faire émerger une prise de conscience générale»
Le producteur a raconté ses déconvenues dans un post publié sur Facebook partagé plus de 70.000 fois. Ce dernier a reçu de nombreux soutiens du monde entier et des témoignages de certains qui affirment que leur santé est fragilisée par la proximité de champs traités aux pesticides.
Le producteur a également créé une cagnotte. Les fonds serviront à «financer de nouveaux essaims pour la saison mais surtout nous souhaitons sensibiliser les citoyens et les élus sur la nécessité de revoir certaines pratiques agricoles», annonce Nicolas Puech, apiculteur bio basé dans la région de Pamiers (Ariège). Pour ce faire, il a l’intention de venir montrer ses «ruchers morts à des villes partenaires pour aider à faire émerger une prise de conscience générale», souligne Nicolas Puech. Un sénateur du Morbihan a entendu son appel et compte le relayer auprès du ministre de l’agriculture.