Delphine Chayet constate dans Le Figaro qu’« il aura fallu près de 3 ans aux experts de l’Inserm pour passer en revue la littérature scientifique récente (5300 documents) sur les risques sanitaires associés à une exposition aux pesticides ».
« La synthèse de ce travail, rendue publique mercredi 30 juin lors d’un colloque à l’institut de recherche, confirme un lien de présomption « forte » entre une exposition à ces substances (herbicides, insecticides et fongicides) et 6 maladies de l’adulte, dont 2 ont émergé depuis la précédente expertise collective présentée en 2013 », relève la journaliste.
Elle explique ainsi que « 2 nouvelles pathologies, les troubles cognitifs et la bronchite chronique (ainsi que la bronchopneumopathie chronique obstructive, ou BPCO) sont identifiées par les chercheurs, et s’ajoutent au lymphome non hodgkinien (cancer du système immunitaire), au myélome multiple, au cancer de la prostate et à la maladie de Parkinson, déjà mis en évidence ».
« Les études permettant d’établir le lien portent sur des populations qui manipulent régulièrement des produits phytosanitaires, comme les agriculteurs, et sont donc a priori les plus exposées », précise Delphine Chayet.
La journaliste note qu’« une présomption «moyenne» est par ailleurs décelée pour la maladie d’Alzheimer, les troubles anxio-dépressifs, certains cancers (par exemple vessie, rein, sarcomes des tissus mous), l’asthme et des pathologies thyroïdiennes. Cette classification signifie qu’il existe au moins une étude de bonne qualité qui montre une association statistiquement significative ».
Elle ajoute que « chez l’enfant, les scientifiques relient différents types de leucémie avec une exposition professionnelle ou domestique de la mère pendant la grossesse, mais aussi avec celle du père avant la conception. Un risque accru de tumeurs du système nerveux central, ainsi que de troubles du développement psychique et moteur, est confirmé dans cette population (présomption forte) ».
Delphine Chayet indique que « le rapport, un pavé de plus de mille pages, a été rédigé par un groupe de 12 scientifiques de plusieurs disciplines. Ils ont analysé des études épidémiologiques, qui mettent en évidence un surrisque de maladie dans une population donnée exposée aux pesticides, mais aussi des études toxicologiques afin de confirmer la plausibilité biologique des liens observés. Une vingtaine de maladies ont été ainsi explorées ».
La journaliste précise notamment que « ces travaux amènent plusieurs évolutions. Ils permettent par exemple d’identifier une famille de substances chimiques, les pyréthrinoïdes, impliquée dans l’augmentation de certains troubles du comportement, tels que l’anxiété chez les enfants exposés durant la gestation. Ces insecticides sont de plus en plus utilisés en agriculture comme dans la sphère domestique ».
« La plupart du temps, il est cependant difficile de pointer des substances en particulier, en raison de la diversité des études scientifiques et des situations d’exposition. Celle-ci peut avoir lieu par voie cutanée, respiratoire ou alimentaire. Il existe quantité de substances actives homologuées en France. De nombreux travaux examinés par les experts portent en outre sur des produits aujourd’hui interdits, mais qui persistent dans l’environnement », poursuit Delphine Chayet.
Elle fait savoir que « l’expertise plaide pour un renforcement de la recherche, en particulier chez les enfants et les riverains des zones agricoles. Pour ces derniers, les études suggèrent une association (présomption faible) avec la maladie de Parkinson et avec un comportement évocateur de troubles du spectre autistique chez l’enfant ».
cf: orlscoop.net
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