Consommation-Alimentation

Les pesticides dans le vin, une réalité.

Pour lutter contre les organismes considérés comme nuisibles à leurs cultures, les viticulteurs utilisent des pesticides. Ces substances chimiques visent à anéantir ou prévenir la croissance des insectes ou tout autre organisme néfaste au développement des vignes. Le problème est que l’on retrouve ces pesticides dans le vin. Pour y voir plus clair, UFC Que Choisir a réalisé une étude dont les résultats dépassent l’entendement.

Le vin plus contaminé que l’eau
L’étude a pris en compte 92 vins issus de toutes les régions viticoles de France : Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Côtes-du-Rhône, Languedoc-Roussillon, Loire et Provence. Le verdict est sans appel : ils sont tous contaminés par des pesticides. Sur les 165 pesticides recherchés, 33 ont été retrouvés dans les vins examinés, dont certains sont interdits en Europe.

Le degré de contamination varie d’une région viticole à une autre. Les vins du Sud-Ouest sont les plus touchés par la contamination des pesticides. Ainsi, le célèbre Mouton Cadet 2010 de Bordeaux est le vin le plus contaminé de la liste avec 14 molécules de pesticides retrouvées. Cinq autres Bordeaux sont logés à la même enseigne avec des taux de résidus allant de 441 microgrammes/kg à 1.692 microgrammes/kg.

A l’inverse, les vins de Provence et de la vallée du Rhône, s’en sortent bien mieux.
Pour les chercheurs, le taux de résidus qu’affichent les vins analysés, permet de dire que les vins contiennent 3.000 fois plus de pesticides que l’eau. En effet, pour cette dernière, la norme applicable est de 0,5 microgramme par kilo d’eau (limite à ne pas dépasser).

Les vins biologiques n’échappent malheureusement pas à la contamination des pesticides ou des fongicides. Toutefois, les taux de résidus constatés chez les vins biologiques sont assez réduits par rapport à ceux des vins classiques.

Doit-on s’inquiéter ?
Malgré la forte teneur des vins en résidus de pesticides, aucun d’entre eux ne présente un danger pour la santé humaine, ce qui est plutôt rassurant. D’après les enquêteurs, les teneurs en pesticides affichés par les vins examinés sont largement en dessous du seuil de toxicité ou de la limite maximale de résidus (LMR). Mais au-delà de cette conclusion, l’analyse des vins français a permis de faire d’autres révélations.

Ainsi, parmi les substances détectées, on retrouve le bromopropylate et le carbendazyme. Or, la première molécule est interdite en Europe, tandis que la deuxième est retirée du marché français depuis 2007. Le carbendazyme a été retrouvé dans 19 bouteilles de vin examinées et en forte dose dans 5 d’entre elles.

L’Institut de Veille Sanitaire a publié en avril dernier, une enquête qui contredit la conclusion des enquêteurs de l’UFC Que Choisir. Selon cette dernière, les Français sont trois fois plus exposés à la contamination de certains pesticides que les Américains. Un rapport de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) allait également dans ce sens. Il a révélé que l’exposition des agriculteurs ou même des riverains aux pesticides, est susceptible de favoriser le développement de maladies cancérigènes et neuro-dégénératives.

Malheureusement, aucune norme n’existe…
Pour la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF), les LMR (Limites Maximales de Résidus), qui sont définies en fonction des bonnes pratiques agricoles, s’appliquent par définition aux produits bruts, c’est-à-dire au raisin en cuve, avant la fermentation éthylique. Or, certains pesticides se retrouvent tout de même dans le vin, qui en est le produit final. A la DGCCRF, la LMR appliquée pour le raisin de cuve est également valable pour le vin. De ce fait, elle effectue chaque année, des prélèvements de vin et de raisin de cuve afin d’en vérifier la conformité des teneurs en pesticides par rapport à la réglementation.

Cependant, aujourd’hui, il n’existe officiellement aucune norme de sécurité en Europe pour le vin lui-même. Selon UFC Que Choisir, le projet pour l’instauration de la LMR est en étude depuis plus de deux ans. L’avancée de ce projet est sciemment hypothéquée par les lobbys, alors que d’autres pays ont déjà mis en place ce système de contrôle. La conclusion des enquêteurs stipule que la teneur en pesticides des vins français est sans danger sanitaire pour le consommateur. Toutefois, il existe « l’effet cocktail » (multi-résidus) mais aussi l’imprégnation sur le long terme. Cet aspect est encore à l’étude et reste mal compris par les scientifiques eux-mêmes…

Ainsi, il serait difficile de mesurer le risque d’un éventuel croisement de plusieurs résidus de pesticides, même à faible dose. En l’absence de norme réglementaire pour les vins, il revient donc au consommateur de prendre des précautions. Nous vous conseillons comme pour tous les aliments, de varier les vins mais aussi les régions d’origine. D’ailleurs, les vins bio se révèlent un bon compromis, d’abord parce qu’ils présentent des profils contenant moins de substances chimiques, mais aussi parce que les vins bio sont contrôlés par des organismes de certification indépendants.

cf: radins.com

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