Le Parisien annonce en effet que « des chercheurs ont étudié les effets du bisphénol S (BPS) sur l’organisme ». Le journal rappelle que le BPS « est venu remplacer le bisphénol A [BPA] dans les biberons [et] de nombreux produits plastiques après l’interdiction [du BPA dans les biberons en plastique] en 2011 ».
« Soupçonné d’avoir des effets de perturbateur endocrinien, le [BPA] qui était utilisé dans de nombreux produits (plastiques, emballages, tickets de caisses), est soumis à une réglementation stricte en France », note le quotidien.
Le Parisien explique donc que « des chercheurs de Toulouse ont étudié ce substitut du BPA pour mieux connaître ses effets sur l’organisme. L’équipe Gestation et perturbateurs endocriniens de l’Ecole nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) et du laboratoire Toxalim (ENVT, Inra, Toulouse INP Purpan, UT3 Paul Sabatier), conclut dans cette étude publiée […] dans […] Environmental Health Perspectives que le BPS persiste plus longtemps dans l’organisme et à des concentrations plus élevées chez l’animal que le BPA ».
Véronique Gayrard, professeure à l’ENVT, observe que « face aux mesures restrictives de son utilisation dans un grand nombre de pays dont la France, les industriels ont progressivement remplacé dans les années 2000 le BPA par des analogues structuraux, principalement le BPS, pour des raisons techniques et économiques ».
« Nos recherches menées chez le porcelet montrent que la quantité de BPS ingérée accédant à la circulation sanguine générale est environ 100 fois supérieure à celle du BPA. A cause des propriétés œstrogéno-mimétiques du BPS comparables à celles du BPA, c’est-à-dire en mimant les effets des œstrogènes, le remplacement du BPA par le BPS conduit ainsi à multiplier par environ 250 les concentrations dans le sang d’une substance hormonalement active », souligne la chercheuse.
Le Parisien indique que « les fonctions gastro-intestinales du porc et de l’homme étant comparables, cette étude pointe que le remplacement du BPA par le BPS pourrait conduire à augmenter l’exposition de l’homme à un composé hormonalement actif ».
Véronique Gayrard souligne en outre : « Nous évaluons l’exposition à ces produits, le devenir de ces substances dans l’alimentation, mais pas sa dangerosité sur la santé. Mais bien que les données toxicologiques soient encore insuffisantes pour évaluer le danger associé, ces résultats pourraient permettre d’éviter une substitution regrettable ».
Le quotidien observe que « des études canadiennes et américaines ont déjà démontré les effets de perturbateur endocrinien du BPS, qui pourraient notamment rendre les cancers du sein plus agressifs en stimulant la prolifération de cellules cancéreuses ».
cf: mediscoop.net
Autre article sur ce sujet:
L’alternative au bisphénol A pourrait s’avérer bien pire pour la santé !
À partir d’un modèle toxicocinétique basé sur les concentrations plasmatiques et urinaires, l’exposition systémique et la biodisponibilité du bisphénol S (BPS) ont été comparées à celles du bisphénol A (BPA).
Les résultats montrent que non seulement le BPS est beaucoup plus fortement absorbé au niveau intestinal, mais qu’il est aussi beaucoup moins métabolisé au niveau intestinal ou hépatique que le BPA, et que sa biodisponibilité par rapport à la dose orale absorbée est ainsi multipliée par 100.
La substitution du BPA par du BPS conduit donc à une très forte augmentation de l’exposition interne et pourrait donc avoir un effet perturbateur endocrinien bien plus important. Un résultat inattendu au regard de la proximité structurale des deux molécules.
Du fait de son rôle de perturbateur endocrinien, l’usage du bisphénol A a été limité dans tous les contenants susceptibles d’être au contact des aliments et largement remplacé par un analogue structural, le BPS). On l’utilise notamment aujourd’hui dans les revêtements internes des canettes et autres packs alimentaires. Des études in vitro et in vivo indiquent que le BPS a également une activité sur les récepteurs aux oestrogènes, même si elle paraît inférieure à celle du BPA, avec un effet sur le développement des organes de la reproduction montré chez l’animal. Il semble aussi s’accumuler davantage dans le tissu adipeux que son analogue. La communauté scientifique est donc en droit de s’interroger sur la sécurité du BPS comme alternative au BPA !
Comparaison de l’exposition systémique au BPA et au BPS
Le risque de perturbations endocriniennes étant dépendant de la toxicocinétique et notamment de la disponibilité orale et de la persistance systémique, une équipe toulousaine a étudié ces paramètres pour le BPA, le BPS et leurs métabolites glucuronoconjugués, après une injection intraveineuse ou une administration orale chez des porcelets. Un modèle toxicokinétique basé sur les concentrations plasmatiques et urinaires des différents composés a ensuite été construit à partir de ces données, afin d’identifier les déterminants de l’exposition interne suite à une prise orale.
Une exposition systémique multipliée par près de 300 avec le BPS
Après administration orale, et pour chaque dose de 1 mmol/kg de poids corporel, la concentration plasmatique maximale moyenne obtenue après 30 minutes pour le BPS (vs 1h pour le BPA) était 300 fois plus élevée que celle du BPA et restait détectable 3 fois plus longtemps. L’exposition systémique à une dose orale (aire sous la courbe) était en moyenne 262 fois supérieure à celle du BPA. En revanche, il n’y avait pas de différences significatives entre les métabolites glucuronydés du BPA et du BPS.
Une biodisponibilité 100 fois supérieure du BPS
Ces résultats peuvent s’expliquer d’une part parce que l’élimination plasmatique du BPS apparaît moins efficace que celle du BPA, avec une clairance 3,5 fois inférieure, la clairance rénale étant insignifiante au regard de la métabolisation hépatique. D’autre part parce que l’absorption intestinale du BPS est nettement supérieure à elle du BPA : 99% contre 76,6%. Et enfin parce que la presque totalité de la dose absorbée est glucuronydée par l’intestin (44% de la dose absorbée) ou le premier passage hépatique (53%) pour le BPA, contre seulement 41% de métabolisation hépatique pour le BPS. Il en résulte au final une fraction de la dose orale biodisponible de 57,4% pour le BPS contre seulement 0,5% pour le BPA.
cf:univadis.fr