Lors d’une présentation à l’auditorium de la Province Sud, le 21/09/2023, la politique de développement du véhicule électrique en Nouvelle Calédonie a été rendue publique et a fait l’objet de nombreux échanges.
L’objectif du gouvernement est que la Calédonie se dote d’un parc de 14 000 véhicules électriques à l’horizon 2030. Dans ce but une aide a été décidée d’une part sur l’achat de véhicules électriques (prime de 600 000 francs sans conditions de ressources) d’autre part à travers le prix de l’électricité destinée aux recharges de ces véhicules en bornes de recharge : 8 francs de jour et 20 francs de nuit par kWh contre 34,96 francs pour le prix de vente public actuel.
Cependant comme le souligne la Chambre territoriale des comptes, et par analogie, le bilan sur l’opération des vélos à assistance électrique a fait ressortir des effets d’aubaine dans les pratiques des distributeurs. Or l’aide à l’acquisition de véhicules électriques ne prévoit aucune mesure pour éviter qu’elles ne se transforment en marge supplémentaire.
Un des risques de ce type de politique est de créer une transition énergétique à deux vitesses en matière de développement énergétique, avec d’un côté des aides dont ne peuvent bénéficier que les ménages les plus aisés et en excluant de fait les Calédoniens les plus modestes.
En complément, le territoire doit investir (certes avec des fonds européens) dans les financements des bornes de recharges avec une couverture suffisante pour satisfaire les besoins. Le développement des véhicules électriques sur le territoire requiert un effort très important pour les finances publiques
Cependant le territoire perçoit aujourd’hui d’importantes recettes fiscales sur les ventes de carburant, alors que la voiture électrique va au contraire coûter cher au territoire. Comment se manque à gagner va-t-il se répercuter sur les Calédoniens ? Un rapide calcul permet d’estimer à près d’un millions de CFP le manque à gagner annuel sur le parc de véhicules objectif du gouvernement !
Il se pose par ailleurs la question de la formation du personnel nécessaire à la maintenance de ce type de véhicule et plus précisément pour la prise en charge des batteries. Là encore, aucune réflexion n’a, semble-t-il, été menée en concertation avec les services de formation des différentes collectivités.
Enfin, il existe un risque, faible sans doute, mais amplifié en atmosphère tropicale humide, d’incendie des batteries et aucune mesure préventive n’est actuellement connue pour palier ce risque. De plus aucune information ne laisse à penser que les services de secours communaux n’aient été spécifiquement formés pour traiter les incendies de ce type de véhicule.
Pour l’ensemble de ces raisons et au regard de l’importance des sommes engagées, l’UFC-Que choisir Nouvelle-Calédonie, tout en partageant les objectifs zéro émission de carbone de la Nouvelle Calédonie, appelle à ce qu’une réflexion de fond soit engagée sur la transition énergétique en matière de transport, ses incidences fiscales, et la chronologie des décisions à prendre au regard des capacités du territoire d’arrêter la production des centrales électriques au fuel et au charbon. Une transition énergétique des transports reposant essentiellement sur le remplacement de véhicules thermiques individuels par des véhicules électriques, en excluant par exemple les véhicules hybrides et surtout le développement du transport en commun, s’avèrerait coûteuse pour les Calédoniens et très incertaine en termes de résultats au regard des objectifs environnementaux.
Il serait judicieux d’envisager prioritairement l’élimination de véhicules de plus de dix ans d’âge (parmi les plus polluants), l’obligation d’un contrôle technique et anti-pollution tous les cinq ans et d’accorder également une aide pour l’acquisition de véhicules hybrides.
Dans l’immédiat, il est indispensable de s’assurer que les concessionnaires ne profiteront pas des aides pour augmenter leurs marges et décider à cet effet de procéder à un contrôle strict des marges. La transition énergétique va demander des efforts de chacun, des particuliers, des collectivités mais aussi des acteurs économiques. A l’instar de ce que l’on a pu voir en Métropole où les concessionnaires ont dû s’engager financièrement, nos concessionnaires pourraient montrer l’exemple en travaillant à rendre les véhicules électriques plus accessibles en termes de prix.
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